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D’un petit village à la ville Impériale

La tête dans les nuages mais les pieds sur terre

Me voici donc aux prises avec le fameux col des nuages après une quinzaine de kilomètres pour sortir de Da Nang par le boulevard maritime. Au pied des premiers lacets la DDE locale annonce un effrayant 10%.

Heureusement il n’en sera rien, tout au plus quelques raidillons à 8% mais le reste de la route se compose de pentes à 5-6% et de replats intermédiaires. Je monte ce col avec un certain plaisir mais suis déçu de ne rien voir car les nuages ont décidé d’étirer un voile blanchâtre sur la vue de la baie. Seules quelques plages isolées en contrebas des rochers sortiront de temps à autres de cette purée de pois. Qu’importe j’arrive sur la plate forme du sommet sans difficulté et prendrai un café pour échapper avec respect de toutes les offres commerciales qui fondent sur moi. Je parviendrai à distinguer durant quelques secondes un petit fortin militaire isolé en garde du col, puis plongerai résolument vers Phu Loc ma prochaine étape à 55km environ, cette fois avec des pentes plus affirmées mais elles sont descendantes.

Il n’y a qu’un hôtel à Phu Loc en face de la rue du marché local, pas le choix, je m’y installe. Le hasard fais quelquefois bien les choses. Je ne ferai que quelques pas après avoir traversé la route de Hanoï avant d’être hélé et invité par un groupe de jeunes hommes au premier Ca Phé de la rue. Visiblement contents de se retrouver ensemble pour un moment convivial, ils me prennent en amitié et je vois défiler les bières, puis les huîtres chaudes façon Viêtnam, l’équivalent de n°3 spéciales de Marennes. La mer est toute proche et les ostréiculteurs aussi.

La préparation d’assemblage est la même que précédemment avec fines herbes, de l’ail vert nouveau, un peu d’huile végétale et des brisures de cacahuètes, puis cuisson au barbecue, juste ce qu’il faut. Le tout était succulent ! Et on a poursuivi avec des tripes sur barbecue -une première pour moi- boucanées et bien morcelées, délicieuses aussi !

Alors les bières aidant, on a parlé de sport avec un professeur de golf, du travail à l’hôtel Ressort pour son épouse gestionnaire du Spa, de ses enfants et de leur école, de leur famille, de leurs amis, bref de la vie vécue au village. Impossible de pouvoir payer quoi que ce soit. J’étais l’hôte d’honneur du groupe pour la soirée. Délicieux moment dont je ne suis pas près d’oublier la chaleur et la sincérité.

La rivière des parfums trouve son origine

Le lendemain je fais le même choix que la veille. Je détourne ma route pour aller rendre une visite à l’empereur Minh Man qui a choisi d’être enterré « pour un ailleurs », au cœur d’un immense parc mausolée lové dans un méandre de la rivière des parfums, à 12km de Hué. Les travaux commandés de son vivant seront réalisés après sa mort.

L’empereur repose au bout du parc sur un îlot rocheux entouré de hauts murs et fermé par des portes de bronze, infranchissable pour le commun des mortels. Ce qu’il n’avait sans doute pas prévu, c’est de voir arriver le flot quotidien de touristes internationaux que les bus déversent par groupes bruyants, ce qui dénote avec la beauté naturelle du lieu magnifiée avec délicatesse par les paysagistes et les bâtisseurs impériaux.

Je rentre enfin dans Hué et mon choix d’hébergement se porte sur la ville nouvelle à proximité de la cité Impériale que j’aperçois de l’autre côté de la rivière des parfums. Cette rivière, dénommée ainsi en raison de ses berges aux herbes aromatiques, les Clermontois la connaissent sans jamais l’avoir vue. Elle est symbolisée-par les rondeurs des arches du pont Eiffel peintes sur un tableau scintillant de petites lumières et accroché dans un restaurant historique de Clermont-Ferrand. Nous ne sommes d’ailleurs pas loin de la vérité car le pont s’illumine la nuit de mille feux. Je vais pour ma part prendre un bateau et naviguer sur ses flots calmes pour atteindre la pagode octogonale aux 7 étages de la Dame Céleste construite en 1844 et symbolisant les 7 réincarnation de Bouddha.

Le lendemain ma journée sera consacrée à la visite de la citadelle Impériale et de sa cité Pourpre interdite.

Conçue comme la Cité Impériale Interdite de Beijing, son principe architectural était de codifier et de confiner l’ensemble de la cour, des serviteurs, des gardes ou des concubines, dans des espaces de vie rectangulaires, plus ou moins grands, entourés de hauts murs, comprenant les bâtiments dédiés aux loisirs au culte, aux célébrations, au bien être ou au travail en fonction du rang hiérarchique ou des fonctions occupées auprès de l’Empereur. Le tout étant sous le contrôle permanent de l’étiquette Impériale, son administration, sa garde et des portes symboliques franchissables par niveaux, ou non, selon les critères déterminés. La dimension de cet ensemble comprenant plus de 50 bâtiments s’inscrit dans un carré de 660m de côté. Je regagnerai mon hôtel épuisé par plus de 4 heures de marche et étonné par les fastes d’une vie isolée du pays, entièrement prisonnière de sa condition sociale !

Demain départ pour 10 étapes vélo jusqu’à Ha Long, mais c’est une autre histoire…