La baie d’Hà Long, qui n’en a pas rêvé un jour ?. J’y suis presque. Il me reste à réserver la croisière à Haiphong où je suis finalement arrivé. La ville est plaisante, arborée, enlacée par le delta du Fleuve rouge. Je n’ai aucune difficulté pour trouver une agence de tourisme, qui font légion. On ne peut passer outre cette démarche, le tourisme au Vietnam est pratiquement organisé dans sa totalité par l’intermédiaire des tour- opérateurs.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir à cette occasion qu’il existait également un « Hà Long terrestre » à Hoa Lu, près de Ninh Dinh, ville que j’ai traversée dans mon avant dernière étape. Les empereurs des dynasties Dinh y avaient établi le siège de leur royaume au Xème siècle. Le parc de 300 hectares se situe au centre d’une véritable carte postale qui pourrait à elle toute seule symboliser le Vietnam. Concrétions calcaires identiques à Hà Long, grottes, rivière émeraude lancinante, passages souterrains, pitons rocheux plantés dans les rizières à escalader, temple Bouddhiste sont à l’inventaire des lieux.
Heureusement le syndrome de Samarcande -j’avais loupé la visite de cette ville historique lors de mon voyage sur la route de la soie en raison de sa distance avec Tachkent- m’a appris à laisser mon vélo dans un hôtel pour me rendre sur des objectifs de visite situés hors itinéraires par des moyens motorisés plus économiques en énergie et en temps. Cette fois, je me promis de revenir à partir de Hanoï à Ninh Binh, après ma croisière dans la baie d’Hà Long, ancien bateau magnifiquement conservé, repas faisant honneur à une gastronomie vietnamienne de qualité, 30 passagers à bord, bref le luxe après ces heures de lassitude sur mon vélo. La nature a installé le spectacle autour de l’embarcation. Le bateau glisse entre les monolithes de calcaire allant de surprise en surprise, découvrant le peuple de l’eau, les pêcheurs de la baie et leurs petites embarcations. La visite de l’une des nombreuses grottes et l’accès à de petites plages de sable fin, doré, sans oublier un peu de natation dans une eau à 21°, ont ponctué agréablement la croisière.
Après une nuit paisible au centre d’un cirque de rochers, un rideau de brouillard à fendre au couteau, une normalité pour cette saison, mit un terme au rêve le lendemain matin pour le retour sur Hà Long,.
Je retrouvais mon vélo, non sans un certain plaisir et décidais d’effectuer finalement avec lui les 110km pour rejoindre Hanoï..
La rentrée sur Hanoï fut plus simple que je le pensais et je m’installais au centre de l’ancien quartier colonial dans les rues des corporations. Là encore une foule grouillante de touristes submerge et déborde des ruelles les unes dans les autres. Je réserve rapidement mon déplacement à Ninh Dinh le lendemain pour m’échapper de ce flot hétéroclite ininterrompu.
C’est une véritable perle hors du temps que me réservait cette excursion à Hoa Lu. J’enchainais trois visites : La grotte de Boa Do -en anglais Dancing Cave-, vaste cavité naturelle dont on pouvait se servir pour les fêtes puis la montée du pitons rocheux du dragon avec ses 500 marches abrutes qui ont eu raison de mes jambes. Mes muscles sont devenus raides et douloureux. Mais qu’importe le spectacle était au rendez-vous avec la contemplation du chef-d’œuvre de dame nature, le noir du rocher volcanique tranchant par sa hauteur sur le vert cru des rizières, une pure merveille.
La deuxième visite fut réservée au domaine impérial. Sa beauté du XIème siècle, sobre et digne, est délicatement posée dans un écrin de verdure enveloppé par les montagnes environnantes.
Enfin, le bonheur de naviguer sur la rivière à Trang An vint conclure cette fabuleuse sortie. La balade fluviale s’accompagna de chants traditionnels vietnamiens entonnés à tue tête par notre barreuse. Son solo déclencha d’ailleurs toute une chorale dont la vague de chansons monta bientôt des barques sur la rivière devenue soudain joyeuse.
Une journée de repos suivit à Hanoï avec la visite des quartiers Nord et la nécessité de solutionner quelques problèmes quotidiens. J’étais prêt à repartir le lendemain pour 5 étapes jusqu’à la frontière chinoise à Lao Cai, puis à Sa Pa, située à 1650m d’altitude soit 30km d’ascension.
Mais c’est une autre histoire…