Lao Cai–Sa Pa (37km) – Sa Pa-Lai Chàu (68km) – Lai Chau-Nam Can (54km) Nam Can-Muong Lay (61km*)
Muong Lay-Muong Cha (45km) – Muong Cha-Dien Bien Phu (54km*) (* bus)
C’est Alain Laligne, un de mes copains d’enfance de la piscine de Bourgines à Angoulême, notre deuxième maison l’été, poloïste du SCA Natation et amoureux de l’Asie du Sud Est, qui m’a convaincu de venir défier la montagne du nord Vietnam. « Tu verras, les rizières en escaliers géants sont un des paysages que tu n’oublieras plus jamais. »
C’est qu’il me connaît bien Alain. Lorsqu’on me parle comme ça, on est sûr du résultat…Et bien me voici donc au pied du mur.
Partant de 150m, je redoutais cette montée de 30km pour atteindre les 1650m annoncés du plateau où Sa Pa, station de montagne est perchée. Le diagramme progressif de la pente semblait abordable avec mes sacs. Il m’en avait même fait oublier les conditions climatiques qui s’avérèrent bientôt redoutables, pour devenir très vite insupportables.
Ainsi, si les 25 premiers kilomètres enchaînèrent normalement leurs courbes de l’ombre au soleil, la succession des passages à 11% combinés aux 40° enregistrés par mon compteur dans un décor devenu rocailleux, allait mettre fin à mes ambitions légitimes. Que faire ? Pousser le vélo dans cette fournaise devenue enfer ? Il ne me restait pourtant plus que 12km. Ce n’eut pas été raisonnable. Je choisissais alors de redescendre pour prendre un bus régulier et remonter piteusement à Sa Pa où la suite du programme vers Lai Chàu semblait plus favorable. Coup de chance, je fus sauvé de cette retraite par un bus qui montait à vide pour prendre en charge des touristes Chinois venus passer un week-end exotique au Vietnam. C’est ainsi que ma défaite ne fut pas tout à fait désastreuse mais seulement lamentable.
C’est donc bien remis que je profitais des atours touristiques de cette petite ville du Nord Vietnam, connue dans tout le pays. Dès que je prononçais son nom il était immédiatement suivi par un ha ! d’exclamation . Mais hélas, les rizières sont en jachères à cette saison, et les montagnes ne laissent entrevoir que ce que la main de l’Homme prépare pour peindre de vert cet immense tableau montagneux sculpté en escalier géant.
Je prenais la route le lendemain remonté comme un coucou savoyard à l’assaut du col à 2000m qui surplombe
Sa Pa. Parti de bonne heure, je n’eus pas de difficulté à atteindre ce sommet malgré quelques dénivelés en chiens de garde de temps à autres. Là haut, une statue monumentale symbolisant les 7 vies de Bouddha domine les vallées. Je suis accueilli par les habitantes de l’ethnie Hmong qui vendent leurs légumes, fruits et l’artisanat qu’elles réalisent. Je rencontrerai aussi deux cyclo-randonneurs pour un échange sur nos parcours toujours pertinent. Une descente de 25km et une dernière montée me conduiront jusqu’à la petite ville de Lai Chau.
Après Lai Chau, je regrimpais à 1200m pour descendre 15km et enchaîner une succession de bosses enchâssées dans des gorges où coule mollement la rivière Nàm Na, vers la petite bourgade de montagne de Phong Tho le point le plus septentrional de mon voyage. Je croise sur les pentes autour des villages quelques paysans occupés à préparer la terre des terrasses pour les semis de riz qui seront plantés et pousseront avec la saison des pluies de mai à septembre. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, une succession de petites vallées semées de rizières retrouvent leur couleur verte grâce à un barrage hydro-électrique et son lac artificiel effilé, coincé entre les montagnes. Las de mes efforts, je décide de prendre un bus local pour atteindre Muong Lai ma ville étape encore distante de 61Km.
Muong Lai est le confluent de trois rivières, la Nàm Na, la Nàm Lay et la Song Da. Elles s’étendent maintenant en plusieurs lacs dans les vallées environnantes. L’habitat a changé. De grandes maisons en bois sont construites sur pilotis et les villages ressemblent aux villages polynésiens avec des toits à quatre pans, souvent recouverts de tuiles rouges. A Muong Cha, c’est jour de marché et les étals en tous genres bordent la route. Je suis encore fatigué et lorsque le conducteur d’un bus local pour Dien Bien Phu passe en me demandant si je souhaite monter, je ne résiste pas, conscient qu’il me restait encore bien des soucis à résoudre d’ici la frontière avec le Laos. Je ne m’imaginais même pas ce qui allait survenir. C’est peu glorieux je l’avoue, surtout pour rentrer dans cette ville qui fut avant tout un désastre humain et marqua la fin de la période coloniale Française en Asie du Sud Est il y a exactement 70 ans cette année.
Mais c’est une autre histoire…