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Dien Bien Phu, le désastre !

C’est moche

J’avais lu l’histoire de cette bataille. J’en avais imaginé le théâtre. J’avais mesuré toutes les conséquences de la défaite d’une guerre coloniale qui avait suscité l’opposition politique et la désapprobation de fortes personnalités.

J’avais pris conscience des conséquences en vies humaines sacrifiées au combat. Mais je n’imaginais pas le Dien Bien Phu d’aujourd’hui.

On pénètre sur ce plateau bordé de montagnes par une route en construction qui déclenche des nuages de poussière recouvrant l’ensemble du paysage d’une fine pellicule farineuse de calcaire. Tout est blanchi, absolument tout : les maigres rizières, la gare routière où je débarque du bus à 10km du centre ville, l’aéroport, celui là même qui fut détruit par l’artillerie du général Nguyen Giap transportée à vélo par les combattants Viet Minh à travers les forêts.

La ville sans personnalité qui s’étire le long d’une route à 6 voies est enveloppée dans ce linceul de fine poussière comme pour marquer un peu plus la catastrophe humaine qui se résume en 3 chiffres côté français : 3300 morts ou disparus, 4400 blessés, 10300 prisonniers dont un tiers seulement survivra et regagnera le pays. Le Vietnam perdra de son côté au moins 8000 hommes et recensera 15000 blessés. Seule une nécropole vietnamienne est présente à Dien Bien Phu au centre ville tout près de mon hôtel. Il n’y a aucune tombe Française, les corps ayant été rapatriés.

Un mémorial accueille les familles qui viennent y déposer des fleurs en souvenir de ce drame. Un monument à la gloire des vainqueurs est élevé sur l’une des collines sensées protéger nos troupes. Bref tout est moche à Dien Bien Phu.

Là où il ne faut pas s’y aviser

Moche pour moi aussi avec la fin brutale et inattendue de mon voyage vélo. En effet, j’apprends sur place que le Laos ne délivre plus de visa à son poste frontière terrestre avec le Vietnam distant de 35km. Avec un coup de froid dans le dos je réalise que je n’ai pas sécurisé cette démarche lors de mon passage à Hanoï comme je l’avais envisagé en sollicitant auprès de l’ambassade Laotienne le précieux sésame.

C’est la panique totale, l’impasse avec un mur infranchissable tout au fond. La situation est simple : mon visa vietnamien expire dans deux jours et le visa Laotien ne peut être délivré qu’à Hanoï ou en arrivant au Laos par avion à l’un de ses aéroports internationaux dont celui de Luang Prabang, 2ème ville du Laos, qui est sur mon itinéraire.

Hélas, comble de circonstances, les avions de l’aéroport de Dien Bien Phu sont bloqués 2 jours, officiellement par la météo, noyés dans la poussière officieusement. Il ne me reste que deux solutions: premièrement regagner au plus vite Hanoï et partir directement pour Vientiane par avion si j’arrive à trouver une place dans les délais administratifs de mon visa vietnamien ou, deuxième possibilité, prolonger ce visa et réserver par la suite la première place disponible pour Vientiane d’où mon avion retour décolle le samedi 20 avril pour Lyon. Dans tous les cas, il me faut réserver un bus rapidement à la gare routière et mettre mon vélo et une partie de mes effets immédiatement dans un carton prêt à être enregistrés à l’aéroport.

Ne pas désespérer

Coup de chance le magasin de vélos juste à côté de mon hôtel me fournit la précieuse caisse cartonnée.

Pour le bus ce sera plus compliqué. Arrivé sur place par taxi avec mon carton vélo, je devine très vite par les réponses qui me sont faites que je ne peux avoir de réservation et dois m’en remettre à la bonne volonté du chauffeur. Après une vaine tentative, je comprends que des places non enregistrées doublent la capacité du véhicule. Je vais plaider ma cause au guichet des pleurs avec de nouveaux arguments et cette fois je suis entendu. J’obtiens une place pour moi et mes bagages, départ à minuit. Parallèlement, après 3 vaines tentatives pour la réservation d’une place sur l’avion d’Hanoï à Vientiane où la dernière phase de validation était victime des connections locales, Virginie, ma fille qui avait pris le relais, obtient la validation finale qui me sort définitivement de ce pétrin.

Parti à minuit de Dien Bien Phu dont je n’ai pris aucune photo compte tenu de la situation d’urgence, j’arrive à Vientiane à 17h00 ce qui me laisse le temps de trouver un hébergement pour la nuit.

Demain est un autre jour et c’est une autre histoire…