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Le lac Wanaka vu de l'île Mou Whanou

De Haast à Wanaka

Le paradis ça se mérite…

C’est le cœur léger que je quitte Haast et le delta de la Haast river au bord de la côte Ouest Pacifique d’Aotearoa, car je vais retrouver Wim, jeune informaticien Belge rencontré au Chili sur la Carretera Austral. Wim est installé depuis 10 ans en Nouvelle Zélande et télé-travaille depuis chez lui à Hawea pour une société de Wellington. “Viens voir mon paradis” m’écrit-il un jour en joignant une photo du lac de Wanaka.

Venant de lui, alpiniste chevronné, capable de dormir dans un sac suspendu par deux cordes à une paroi rocheuse, toujours à la recherche des meilleures sensations, amoureux de la nature et d’une nature amoureuse, je crois que les choses devaient être prises au sérieux…Alors Wim, me voici!

Deux étapes me sont nécessaires pour effectuer les 150km de Haast à Wanaka. Une montée douce sur les 50 premiers kilomètres ensoleillés s’est révélée très agréable avec de nombreuses cascades d’eau fraîche au bout de chemins de randonnées balisés. La nature semble s’être immobilisée dans son plus bel écrin, peignant avec soin les paysages grandioses des Alpes Neo -Zélandaises. Un nuage blanc, compact comme de la ouate étirée de son emballage après un sommeil nocturne, est accroché par quelques volutes aux feuilles des fougères arborescentes des dômes volcaniques. On a envie de se rouler dans cette écharpe molletonneuse, de s’y blottir, de s’y cacher…d’autant que les 3 derniers kilomètres du col sont très pentus et me font mettre pied à terre.

La guerre continue…

Une quinzaine de Kilomètres plus loin, j’installe ma tente sur Cameron Flat, un camping en libre service face aux « blues pools », des marmites d’érosion creusées dans la roche par une eau menthe bleue provenant de la fonte des glaces. Je me contenterai bon gré, mal gré d’une lutte sans merci contre les sandflies, malgré la mise au point d’une habile technique d’emballage de départ dans ma tente fermée Las, c’était sans compter sur mon étourderie et l’oubli des tendeurs qui fixent mon dernier sac sur le porte bagage dans la toile pliée et rangée. Résultat, redéballage complet sur plusieurs surfaces tant l’attaque générale vengeresse était intense…

Des images plein les yeux!

La descente sur Wanaka ne sera pas un long fleuve tranquille. Le vent souffle fort en remontant le long des pentes bosselées des deux lacs formés par des glaciers il y a des millions d’années.

La SH6 longe le lac de Wanaka nord d’abord, puis emprunte un passage rocheux de 2 km (le neck) qui le relie au lac Hawea pour me conduire jusqu’à Wim.

Des images plein les yeux…

Cette halte va durer quelques jours et s’avérer indispensable à la réparation du vélo. En effet, j’ai cassé la manette de frein avant en échappant ma monture* et la fixation du garde boue s’est également brisée suite aux différents transits.

Je vais aussi en profiter pour visiter des lieux exceptionnels qui attirent désormais de nombreux touristes rivalisant avec sa voisine Queenstown. Coucher de soleil sur le lac et descente de la rivière Clutha en kayak depuis Wanaka Lake sur 20 km, randonnée sur l’île de Mou Whanou qui héberge son propre petit lac en son sommet resteront comme autant d’images et de moments inoubliables.

Les rituels ont du bon

Je n’étais pas un familier des rituels. Disciple de Rabelais, je m’en étais même amusé lors des cérémonies conviviales de l’ordre de “l’huître et du jambon”.

Mais ranger les bagages du voyageur, trouver une place pour chaque objet en fonction des volumes, du poids de l’équilibre général, de l’ordre chronologique d’utilisation nécessite une méthode rigoureuse que l’on doit suivre scrupuleusement sous peine de sanction irrévocable, comme on a pu en juger en amont.

Au fil des répétitions, cette phase incontournable du voyage, le départ du voyageur, devient un rituel élaboré où ordre et précision, sont quasi immuables.

N’est-ce pas là d’ailleurs où l’on rejoint Sylvain Tesson qui affirme: «mettre de l’ordre dans ses bagages, c’est aussi mettre de l’ordre en soi ! ».

Puisque tout est est en ordre, que le plan pour les 950 km en 13 étapes est établi pour rejoindre Christchurch, que le plein d’énergie est à nouveau gonflé, il est temps de prendre congé de mon hôte, mon ami Wim et de sa compagne Cat, pour filer sur Queestown, ma prochaine halte.

Mais c’est une autre histoire…

* frein hydraulique MAGURA remplacé oar un frein de récupération à câble classique.