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Wellington cable car

Bouger !

Bouger c’est vital !

New Plymouth > Wellington

Je ne savais pas à quel point partir sur les routes en « wanderer » serait indispensable à ce moment de ma vie. En un temps de jeunesse, j’ai souvent été confronté à cette injonction:

« bougez-vous ! », assortie la plupart du temps d’un complément avilissant « bande de…» destiné à provoquer une potentielle réaction de groupe. Je ne connaissais pas encore toute la signification de cette directive dont la vie pouvait se saisir. Les voyages en solitaire me l’ont appris.

Avancer

« Avancer » serait peut être le mot le plus adapté pour le Voyageur Velo. Mais il est toujours question de se mouvoir, d’aller de l’avant, pour découvrir, être surpris, réagir. Aussi les deux jours à Plymouth pas tout à fait un port, un seul bateau à quai et peu de voiles de plaisance, pas tout à fait une plage, quelques baigneurs, des vagues languissantes, du sable noir et du bois flotté un peu partout, auraient pu être une suspension du temps dans le vide des fêtes de Noël en solitaire.

En réalité ce fut un moment de calme où j’ai pu observer combien la pratique sportive faisait partie intégrante de la société néo-zélandaise. Dans un environnement idéalisé par le décor soigné d’un chemin côtier nonchalant, fleuri, ouvert sur l’océan, on marche, on court on roule en famille ou en solitaire.

Ne pas lâcher les objectifs

Bouger c’est aussi atteindre des objectifs. Se rendre à Whanganui avec une étape à Hawera revient à parcourir 180 km où la concentration est totale. Ne pas tomber, rouler le long de la “lane”, pour ne pas devenir la proie des voitures et des camions de lait à remorque très nombreux dans ce secteur, mobilise obsessionnellement votre énergie. La route est ici tricotée comme un pull à grosse mailles, avec de grosses aiguilles, qui vous retiennent les roues tout au long de ses manches vallonnées.

S’organiser

Pour bouger il est indispensable de s’organiser pour demeurer le décideur qui accompagne la route. Ne rien perdre, goûter à tout, ne rien laisser pour compte car on ne revient que rarement en arrière. Cela fait également parti des rituels où chaque objet prend une place, sa place avant de vous élancer vers l’inconnu.

Disposant de 3 jours à Wellington par manque de place sur les ferries, je me suis balladé dans la ville le nez au vent du large. Le mont Victoria et son célèbre « Câble-Car » installé en 1902, le jardin botanique et les quais historiques sont venus satisfaire ma curiosité.

S’adapter

C’est sûrement le maître mot du voyage. Plier pour ne pas rompre a écrit La Fontaine dans le chêne et le roseau. Ce n’est aucunement renoncer à lutter contre les éléments naturels qui sont le lot qui pimente le voyage. Le vent côtier de 3/4 face est puissant dans la portion de Whanganui à Bulls et mes sacoches se gonflent d’orgueil pour atteindre cette cité où j’ai réservé ma place dans un bus pour Wellington. Renoncer à rouler sur la1 c’est s’adapter aussi et considérer votre vie comme essentielle!

Il en fut de même pour se nourrir durant les trois jours d’interruption générale des activités en NZ en raison des fêtes de Noel. Résultat: régime pâtes Chinoises et quelques kg en moins…

Mais où est donc passée l’humanité?

Le fait d’avancer en solitaire pourrait être un motif suffisant de deshumanisation. Au contraire, cela renforce la rencontre, autre pilier des voyages à vélo. Ici tout le monde est prêt à vous aider à réaliser vos rêves. Mais pour acheter des services c’est une autre mise en scène!

Tout, tout passe par votre smartphone. Bus, chambres, campground, ferries, accueil des hôtels paiements et de surcroît en Anglais s’il vous plaît!

J’en ris encore en pensant à « l’escape game » je devrais plutôt ecrire “open game” de 2 pages en anglais pour rejoindre ma chambre à 22h30 de cet hotel fantôme…
Ce n’est pas mon isolement le coupable fondamental, mais bien la civilisation du numérique qui installe sa toile de plus en plus dévorante, ne vous laissant que peu d’espace de vie entre humains. En NZ je suis un peu en avance sur vous comme il en est de l’horloge planétaire…

Il est temps de rejoindre ma chambre car demain le ferry m’attend à 7h pour rejoindre Picton porte d’entree dans l’île du sud.

Mais c’est une autre histoire…