You are currently viewing La route décide

La route décide

Prélude

Ce blog est un condensé du voyage. Cette deuxième publication englobe l’étape 1 Auckland – Pokéno (80 km) l’étape 2 Pokeno – Hamilton (80k) un transfert bus Hamilton- Taupo, Taupo – jonction route 32/41  (90 km) et jonction 32/41 – Taumarunui (50 km)

La route décide

On la rêve, on l’espère on la craint, on la contemple, on la subit, c’est la route qui prend les décisions pour le Voyageur Vélo. Elle n’est jamais la même et s’impose à  vous comme une « vélocrate » sans concession, gare a l’addition finale!

Trouver l’issue

Sortir des grandes villes n’est jamais une longue route tranquille. Auckland n’échappe pas à la règle.  Au mont Éden qui domine la ville succède une dizaine de zones industrielles et commerciales dont l’architecture en «copier-coller» vous désoriente. Je suis devenu Minotaure dans un dédale d’impasses et de sens obligatoires qui me dévorent quatre heures en me laissant l’impression de faire du surplace. Mon fil d’Ariane en perd ses batteries!

La réalité dépasse la fiction

Je me retrouve finalement sur une route « expressway »seul choix possible. Ces routes sont autorisées aux vélos avec une signalétique spécifique et une zone « the lane » peinte de 3m de large. Mais subir le vrombissement des camions à grosses remorques et entendre le sifflement des pneus des voitures lancées à grande vitesse dans votre dos vous glace le sang. La route me choisit une autre alternative et je la prends au bout de 40 km.

Avantages et inconvénients

Moins de véhicules, mais c’est moins de place pour le cycliste. Plus de calme, mais je mange du « gros goudron », ce perceur de pneus sournois à tout moment. Moi, pour ce jeu de 1000 bornes, j’ai tiré la carte Marathon3 pour mes roues et je me sens increvable!
Pour la première fois je peux regarder la campagne où toutes les nuances de vert s’étalent dans un tableau bucolique grandeur nature. Un géant à semé ça et là quantité de cônes volcaniques dont les chapeaux pointus servent de promontoires à des vaches en mal de train. Cette route me conduira jusqu’au petit village de Pokéno où les enfants et les associations défilent en parade de Noël. Je me défile aussi et fait étape dans ce charmant village.

Faire le Taupo avant de repartir.

Quitter Hamilton par l’Expressway1 m’est à nouveau imposé et me replonge dans le désarroi. Je décide de faire la liaison avec le lac Taupo en bus. Quelques heures plus tard, me voici à nouveau chez les gentils backpakers, concentré devant mon écran de
télévision pour la finale France-Argentine. « Quatre heures du mat j’ai des frissons, j’ai pas de télé, mais je monte le son…de ma radio. Le rêve d’une troisième étoile rejoins finalement le ciel et bleu de Messi mais l’honneur national est sauf dans ce match à suspens Hitchokien.
Un rapide relevé géographique me propose moins de stress en évitant la route Expressway1 vers le sud, en prenant la route 32 qui fait le tour du lac par le relief nord. Je monte une dizaine de cols de Ceyssat, c’est ça qui devient épuisant, car mes sacs pèsent le poids de ma liberté. Je trouverai le repos au bout de 90km dans des conditions pour le moins hasardeuses, mais près de la jonction avec ma nouvelle route vers Taumarunui ma prochaine étape.

Des déboires…ça coche dur!

Voici un petit pêle-mêle qui est en dira long sur l’imprévisible qui arrive inévitablement…

  • Rupture d’un crochet de ma sacoche camping. Je trouve la parade avec une cordelette nylon perdue par hasard sur la route. Cela me permet de lier à nouveau la sacoche au porte-bagages.
  • Je plante ma tente en camping sauvage dans une belle prairie d’herbe épaisse d’une immense « station » (nom  NZ pour hacienda). Les propriétaires délèguent alors trois solides gaillards pour me faire quitter ces lieux rapidement…Aller savoir qui est le plus sauvage…
  • Belle route de campagne mais sans pain du même nom, sans eau ( j’ai laissé mes bidons en gage chez les backpakers) Mon taux de sucre emballe alors sa descente vers l’hypoglycémie et je manque de force. Je suis sauvé de la punition par un brave fermier et sa fille qui interrompent le comptage de leurs moutons (vu le nombre ils allaient s’endormir) pour me préparer un repas comme remède efficace. J’ai juré mais un peu tard qu’on ne m’y reprendrait plus…

Sur le même thème, gérer mes médicaments est un vrai chalenge où je dois faire preuve d’inventivité. Ainsi je donne sèment souvent mes briques de gel lors de mes poses café pour le reglacer avant de les glisser dans leur sac Thermo protecteur Orage ho désespoir, après des pluies intermittentes voici que le ciel s’assombrit et se lézarde d’un coup transpercé par les éclairs d’une tempête tropicale d’été. En 20 minutes le vélo aurait pu être relégué au rang de pédalo si un abri bus opportun ne m’avait généreusement sauvé de ce déluge !

Épilogue

Pour illustrer le sujet de mon propos du jour: « Ce n’est pas vous qui imposez la route, s’est elle qui s’impose a vous », je découvre à Taumarunui que la route 33 qui se déroule vers Plymouth, ville côtière de l’océan Pacific, porte le nom de «Forgoten world highway»  On ne résiste pas à un tel mythe d’autant que le parcours proposé se divise en deux étapes de 90km partagées par un relais équidistant pour manger et dormir, les deux règles d’or du voyageur vélo. Je choisi donc d’interrompre la course du jour pour passer la nuit à Taumarunui…et comme il y a nui c’est bien la route qui décide !

Mais c’est déjà une autre histoire…