J’arrive le 19 janvier 2025 à l’aéroport José Marti de La Havane après avoir récupéré mon vélo et mes sacoches. Un taxi me conduit à « l’hostal Mango » ou Carlos et Anelis mes hôtes m’attendent, Virginie m’ayant réservé un lit pour 3 nuitées. Je n’insisterai sans doute jamais assez sur ce premier contact dans un pays inconnu. Il est déterminant pour une mise en situation sereine avant d’entreprendre un périple en solitaire. C’est le cas cette fois encore où un support en matière plastique qui maintient le garde-boue arrière sous la selle s’est rompue durant le transport. Franck, assistant tout terrain de l’hostal, entre alors en piste. Sans un mot il est venu, il a vu et il a réalisé un chef d’œuvre d’art usuel en aluminium, mieux que la pièce originelle ! Principe numéro 1 à Cuba : quand on n’a pas ce qu’il
faut, on le fabrique !
Vélo remonté, c’est donc avec l’esprit léger, appareil photo en main que j’arpente les rues de « Havana Vieja». Je marche dans les années 50. Les rues et boulevards sont un véritable musée à ciel ouvert où de belles américaines exhibent leurs chromes sur de rutilantes peintures acidulées, édulcorées par la douceur de leurs courbes arrondies. C’est tout simplement magnifique ! Une bruine étouffe la ville sous ses nuages gris. Mais je suis heureux, le nez en l’air mon regard se perd en suivant les lignes de l’architecture hispano-coloniale. Le beau, parfois en cours de rénovation, côtoie les cadavres de murs délabrés. Il est indéniable que l’argent manque à cette ville malgré les divers classements à l’Unesco de ses immeubles des années 1920. J’irai le lendemain en bus découvrir le cimetière de Colon situé à quelques kilomètres à l’ouest de la ville. L’expérience sera enrichissante : pas d’affichage de l’arrêt pour les différentes lignes urbaines. Seul l’usage valide son emplacement sur le trottoir. Pas de queue non plus et la personne qui arrive lance en l’air : « Quien es l’ultimo ? », quel est le dernier (sous entendu arrivé) d’une queue non formée…Puis le bus de la ligne entre en scène. Une file sortie de nulle part se constitue immédiatement avec le dernier client arrivé. Si tous rentrent dans le bus, c’est tant mieux. Si ça ne rentre pas et bien ce sera pour le prochain si celui-ci n’est pas déjà complet. Ainsi va la vie des cubains au rythme imposé des transports publics aléatoires ! La richesse des marbres éclatants de blanc du cimetière historique de la Havane chassera mes noires pensées…